photo identite 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

« Sa peinture vous irradie comme un brame,

sauvage et inattendu.

Les mots se lisent ou s'écoutent, son théâtre se regarde

et les messages intérieurs surgissent »

(Mots d’accueil à la Galerie Paragone en avril 2023 à Dunkerque) 

Texte d'accueil Vernissage du 12 août 2023 à L'Orangerie :

Les personnages et les animaux émergent-ils de l’asphyxie ou représentent-ils un ultime sursaut ?

Ainsi Pierrette Cornu se saisit d’êtres graves et d’animaux humanisés, qui ne font presque qu’un, pour évoquer nos inconscients et nos jungles inconnues. Nos animalités.

Enfance, traumatisme, handicap, empêchement/enfermement.

Comme elle l’exprime elle-même, ce que l’homme inflige à l’homme, ce que l’homme inflige à la nature – constituent les fils rouges de son travail mentalisé

Puis, ce qu’elle nomme « les étincelles » font jaillir la créativité qui va jeter ses fils rouges sur la toile.

Elle dit : « Avant l’atelier, je prends ceci et puis cela pour le travail mental, pendant j’accueille les coïncidences   qui résonnent et qui donnent l’énergie pour peindre, et après je regarde si ça parle et de quoi ça parle.

J’aime travailler avec ce qui m’invite à peindre par une collecte de matériaux à mettre en présence, en interaction, en juxtaposition ; ou prendre une histoire existante et la casser un peu.

Je cherche la force    parfois par saccage partiel du travail en cours pour donner plus de feu, plus de lumière.

En provoquant l’imaginaire jusqu’à me mettre dans un moment de travail hors temps, en total lâcher prise.

Mon travail juxtapose une somme de hasards légèrement maîtrisés pour nourrir et faire vibrer mes personnages.

Je donne une importance particulière au dessin et au trait en recopiant sans réfléchir tout au début pour désamorcer le mental  

Je veux une peinture qui cherche à concentrer tout le sensoriel, tout l’organique de la nature, humains compris, en même temps que le chaos intérieur de chacun

C’est impossible pour moi à décrire avec les mots, j’ai donc choisi la p e i n t u r e, une peinture de bégaiement plus ou moins lumineux, une poésie déchiquetée

« C’est un mode de communication rustique jouant avec le chaos primitif (chamanique peut-être) ou le chaos joyeux d’enfant, le crayon à pleine main, main gauche ou à deux mains 

Je cherche à m’adresser à tous mais d’abord à chacun d’entre nous.

Je sens que mes personnages existent quelque part »

La fresque de Pierrette est sauvage, mais avec une harmonie impétueuse.

Hier, je suis restée longtemps face à elle, dans le silence et la lumière du soir.

L’émotion m’a submergée face à cette façon très particulière de traiter du fantastique, voire du macabre – moi qui n’y goûte guère - je fais des liens avec De Kooning et ses « femmes », Bacon et ses corps blessés.

L’œuvre de Pierrette CORNU contient une tension toujours équilibrée.

De ses couleurs froides, profondément sanglantes ou éteintes, pointent un rose tendre, un blanc crayeux, une ligne fluorescente et électrique. Dans chaque toile, au chaos est contrebalancé le renouveau, la circulation, l’énergie positive.

Pierrette est une parturiente

Entre jouissance, douleur et exaltation elle fait naître des scènes capitales et originelles.

Les êtres vivants qu’elle crée s’étalent sur sa planète, s’aiment ou s’ignorent, se déchirent, construisent ou détruisent, brisent et se brisent – sur notre terre malmenée.

- Ici et là prenez le temps de découvrir tant de détails et de références – peinture rupestre, éléments ajoutés, tissu, terre, végétaux, écriture ...

- J’ai été empoignée par l’énergie, et la transe qui ont fait naître ces toiles.

Chacune contient en effet un figuratif de départ parfaitement maîtrisé, point de départ « pour désamorcer le mental » (PC), puis le déchaînement créatif fait le reste dans le chaos de l’impulsion du geste.

L’urgence préside à l’œuvre.

Deleuze :

« ça cogne et ça ne se cache pas,

ça jute en tous les sens,

ça urge dans la peinture,

il faut dire, il faut faire,

pas d’encorbellement, pas de timidités ni de scrupules, les bonnes manières culbutées, les perplexités renversées (…),

trouver non pas l’abri, mais le chemin »

Merci Pierrette de nous faire découvrir ton univers fantasmagorique, essentiel et vital.

christine herrgott